3-2 Stratégie : les stratégies à privilégier

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Partie précédente : 3.1. Forces concurrentielles de Porter adaptées à la filière


3-2. Les stratégies à privilégier

3-2-1. Organiser la logistique

Il s’agit de l’axe principal sur lequel doivent porter les efforts des acteurs de la filière.

Le premier axe de progrès de ce niveau doit être de rationaliser les fréquences de relève selon l’importance du centre de collecte. Dans le cadre de l’étude Screlec, 5,2% des points de collecte assurent une collecte de 4 bennes par mois, ce qui ne pose pas de problème quant à la logistique à mettre en œuvre. Par contre, 21% de ces points de collecte produisent moins d’une benne par mois. Il s’agit donc d’organiser les collectes de façon à ne relever ces points qu’aux moments opportuns afin de rationaliser les trajets des camions.

La seconde voie de progrès a été abordée précédemment. Il s’agit de massifier les quantités transportées afin de profiter des sources de réduction de coûts permises par les transports multimodaux mais aussi d’éviter des transports à vide de camions pour une maîtrise de la logistique inversée.

Les facteurs clés de succès en ce domaine seront :

  • Atteindre une taille critique pour permettre : un maillage correct du territoire, une capacité à dégager des flux de grande ampleur et une offre de service nationale.
  • Une gestion de la logistique inversée pour éviter les transports à vide et plus largement un management de la chaîne logistique permettant d’établir des tournées cohérentes avec les capacités de collecte des centres.

Les stratégies à adopter sont :

  • L’intégration. Si l’intégration horizontale permettra d’atteindre une taille critique, ce sont actuellement les intégrations verticales qui sont à privilégier. En effet, seules ces dernières permettent aux acteurs de se positionner sur l’ensemble de la filière pour pouvoir en assurer une gestion intégrée.
  • La domination par les coûts. Elle permettra aux leaders de la filière d’éviter que la concurrence ne tente de pénétrer leurs marchés, tout en augmentant leur clientèle par une compétitivité accrue.

Certaines entreprises présentes sur la filière disposent donc d’ores et déjà d’avantages concurrentiels.
Ainsi, Coved qui maîtrise l’ensemble des activités de la propreté et des déchets, a débuté sa stratégie d’intégration avec le rachat, en août 2005, d’Eco-Synthèse spécialiste des DEEE.
De la même façon, Sita et Geodis ont procédé au rapprochement de leurs DAS respectifs afin de se positionner sur l’ensemble de la filière. Leur joint venture dispose d’un avantage concurrentiel supplémentaire par la maîtrise de la logistique en général, et de la logistique inversée en particulier, dont dispose Geodis, spécialiste du transport.

Les avantages concurrentiels de certains éco-organismes ont été abordés dans la première partie et ont pour origine les mêmes facteurs clés de succès.

L’amélioration de l’organisation logistique repose aussi sur un gain d’efficacité de la collecte.

3-2-2. Améliorer l’efficacité du travail de collecte

Le niveau de collecte se doit d’être dispersé pour permettre son efficacité par sa proximité avec l’utilisateur. L’importance de ce point pour la réussite de la mise en œuvre du décret DEEE est primordiale car il permettra une adhésion des ménages au tri de ces équipements, qui entraînera les flux suffisants à la rentabilisation de la filière. C’est pourquoi ce travail de collecte doit gagner en efficacité.
Tout d’abord il doit permettre aux acteurs logistiques de supprimer le passage par des centres de regroupement (cf. 2-1-1). Ce tri par grandes familles de DEEE doit se faire directement sur le lieu de collecte pour éviter un accroissement des coûts logistiques. Les points de collecte devront donc disposer de conteneurs adaptés à chaque DEEE et identifiables aisément.
Une autre problématique est associée aux conditions de stockage des DEEE qui peuvent parfois être longues du fait des faibles quantités collectées les points à faible potentiel. La possible présence de substances dangereuses doit être prise en compte.

Il s’agit donc de mettre en place un système cohérent de collecte proposant deux caractéristiques essentielles :

  • la propreté : des surfaces imperméables associées à des dispositifs de collecte de fuites et à un recouvrement résistant aux intempéries.
  • l’efficacité : des dispositifs de collecte normalisés et adaptés à des transports sur des plateformes multi-usages. Ces moyens devront être évolutifs selon leur niveau de charge. Dans une organisation de logistique inversée, un conteneur démontable pourra être transporté en ridelle aux côtés des autres produits transportés en limitant la place occupée. Puis une fois arrivé sur le lieu de collecte, il sera remonté. (cf. 2-3-2)

Le facteur clé de succès en ce domaine est :

  • La recherche et développement qui permettra d’améliorer les modes de collecte en leur appliquant les critères suscités.

La stratégie à adopter est :

  • La différenciation. Cette stratégie comporte un risque en mobilisant des ressources qui pourraient être consacrées à la domination par les coûts. Mais la maîtrise de la collecte est aussi un facteur de création de valeur puisqu’elle sera un outil de l’organisation logistique.

Les entreprises seront susceptibles de tirer un avantage concurrentiel de cette stratégie. En effet, l’acteur faisant office de prime-mover avec un produit différencié, innovant et facilitant la collecte pourra à terme imposer son standard.

3-2-3. Optimiser les systèmes d’information

Il est évident que l’amélioration du travail de collecte et l’organisation du niveau logistique passent par une intégration poussée des systèmes d’information (SI).
Le pilotage de la filière, notamment par les éco-organismes, sera soumis à des SI capables :

  • de gérer les centres de collecte, leurs niveaux de remplissage, l’évolution des types de DEEE apportés.
  • d’organiser les flux logistiques, notamment dans un cadre d’une logistique inversée, pour garantir leur cohésion entre les points de collecte et les centres de traitement d’une part, et d’autre part, entre producteurs et distributeurs.
  • de connaître les capacités et les disponibilités des centres de traitement.

Les informations nécessaires à ce pilotage sont généralement des données stratégiques pour les acteurs. Ces SI devront donc aussi assurer une parfaite sécurité des données.

Enfin, ils devront être liés. L’ADEME, chargée de la tenue du registre des producteurs sera amenée à avoir connaissance des taux de collecte et de valorisation atteints. Les SI des acteurs seront alors un outil de communication et de vérification de l’application des contraintes réglementaires.

Les facteurs clés de succès en ce domaine sont :

  • La recherche et développement en informatique notamment pour aboutir à des SI performants et sécurisés.
  • L’intégration de l’ensemble de la filière afin que chaque acteur à chaque stade utilise le même SI.

Les stratégies à adopter sont :

  • La différenciation. Un SI performant différenciera l’acteur capable de gérer l’ensemble de la filière en lui permettant notamment une maîtrise des coûts.
  • L’intégration. Cette stratégie est nécessaire pour permettre une gestion de l’ensemble de la filière.

Certains acteurs possèdent en la matière aussi des avantages concurrentiels déjà marqués. Ainsi Geodis, acteur de l’ensemble de la filière au côtés de Sita, s’est engagé dans une refonte complète de ses systèmes d’information dans le cadre de son schéma directeur stratégique « Horizon ».

3-2-4. Assurer la veille réglementaire

Le dernier axe de travail que doivent adopter les acteurs consiste en une veille règlementaire.
En effet, l’importance de la force représentée par le macro-environnement dans l’organisation de la filière doit amener les entreprises du secteur à mettre en place une veille réglementaire efficace et réactive.
Bien qu’aucune stratégie particulière ne soit à adopter sur cet axe de travail, la maîtrise de ce domaine apportera un avantage concurrentiel aux entreprises disposant des capacités d’information et de prospective. En effet, elles seront ainsi à même d’anticiper les évolutions de réglementation et de proposer aux producteurs d’EEE des solutions en accord avec l’évolution réglementaire.

Quelques évolutions réglementaires à envisager par les acteurs :

veille_reglementaire_deee

Ces évolutions futures sont à mettre en rapport avec l’évolution des mentalités évoquée en introduction. Il est donc probable qu’elles tendent vers un durcissement des impératifs imposés aux producteurs.


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